10ème Journée de l'APOHR
Corps et Cancer
11 juin 2009
L'intrusion du cancer dans la vie d’une personne est une épreuve qui en bouleverse le cours. Cet évènement menace la santé, la vie, et remet en cause l’estime de soi, la capacité de travail, les liens avec autrui.
Mais en tout premier lieu, le cancer menace l’intégrité physique, il est violence faite au corps. Bien des malades évoquent
les violences visibles de la maladie comme l’alopécie, les cicatrices, les mutilations qui induisent parfois un sentiment de honte et de culpabilité;
les violences internes liées au sentiment que leur corps « n'est plus le leur » et les« trahit » ; qu’il existe un processus de destruction portant atteinte à l’image de soi, et provoquant souvent un sentiment d’étrangeté vis à vis de soi même, source de profonde angoisse;
la violence faite à l’identité: la perception du corps et sa représentation se modifient avec la maladie. Les traitements, leurs effets secondaires, la douleur, les handicaps possibles bouleversent la vie relationnelle, intime et sexuelle ;
la violence faite à la vie psychique que le vécu corporel menace d’envahir, suscitant la crainte de ne pas pouvoir maintenir son équilibre intérieur.
Comment appréhender cette violence faite au corps, ces bouleversements corporels et leur retentissement psychique ? Comment analyser cette relation au corps touché par le cancer ? Comment aider la personne malade à retrouver la confiance et la familiarité avec son corps ? Que proposer pour soutenir chacun dans cette ré- appropriation de soi ?
Ce sont quelques questions que l’APOHR se propose d’explorer avec vous, pour cette édition qui marque le 10ème anniversaire des Journées de Psycho- Oncologie du Haut Rhin.
Objectifs des Journées de Psycho-Oncologie :
Donner des repères cliniques pour mieux comprendre le retentissement psychique de la maladie.
Développer une réflexion et identifier le modes d’actions, les attitudes susceptibles de favoriser la mobilisation des ressources psychiques.
Public :
Médecins, psychologues, infirmiers, aides soignantes, autres professionnels de la santé, travailleurs sociaux, impliqués dans la prise en charge de personnes atteintes de cancer.
Mais en tout premier lieu, le cancer menace l’intégrité physique, il est violence faite au corps. Bien des malades évoquent
les violences visibles de la maladie comme l’alopécie, les cicatrices, les mutilations qui induisent parfois un sentiment de honte et de culpabilité;
les violences internes liées au sentiment que leur corps « n'est plus le leur » et les« trahit » ; qu’il existe un processus de destruction portant atteinte à l’image de soi, et provoquant souvent un sentiment d’étrangeté vis à vis de soi même, source de profonde angoisse;
la violence faite à l’identité: la perception du corps et sa représentation se modifient avec la maladie. Les traitements, leurs effets secondaires, la douleur, les handicaps possibles bouleversent la vie relationnelle, intime et sexuelle ;
la violence faite à la vie psychique que le vécu corporel menace d’envahir, suscitant la crainte de ne pas pouvoir maintenir son équilibre intérieur.
Comment appréhender cette violence faite au corps, ces bouleversements corporels et leur retentissement psychique ? Comment analyser cette relation au corps touché par le cancer ? Comment aider la personne malade à retrouver la confiance et la familiarité avec son corps ? Que proposer pour soutenir chacun dans cette ré- appropriation de soi ?
Ce sont quelques questions que l’APOHR se propose d’explorer avec vous, pour cette édition qui marque le 10ème anniversaire des Journées de Psycho- Oncologie du Haut Rhin.
Objectifs des Journées de Psycho-Oncologie :
Donner des repères cliniques pour mieux comprendre le retentissement psychique de la maladie.
Développer une réflexion et identifier le modes d’actions, les attitudes susceptibles de favoriser la mobilisation des ressources psychiques.
Public :
Médecins, psychologues, infirmiers, aides soignantes, autres professionnels de la santé, travailleurs sociaux, impliqués dans la prise en charge de personnes atteintes de cancer.
8h00 | Accueil des participants | |||
8h30 |
Christine FIAT, Directrice des Hôpitaux Civils de Colmar |
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8h45 | « Le corps du débat », Dr Nicole Pélicier | |||
9h00 |
« Cancer, l'ennemi de mon corps » |
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9h45 | « Corps de vie, corps de mort, le cancer du sein dans la vie d'une femme » Maryse VAILLANT, Psychologue clinicienne, Écrivain |
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10h30 | Discussion | |||
10h45 | Pause café - espace exposants | |||
11h15 | « L'inquiétante étrangeté du corps malade » Simone KORFF-SAUSSE, Psychanalyste, Maître de conférence Paris VII Diderot |
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12h00 | « La maladie, le malade et les normes » Prof. Roland GORI, Psychanalyste, Professeur de psychopathologie clinique, Université Aix Marseille |
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12h45 | Discussion | |||
13h00 | Repas sur place - espace exposants | |||
14h15 |
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16h15 | Conclusion : Dr Arnaud HAERINGER, Maître de conférence, Directeur SERFA, Mulhouse Philippe ACKERMANN, Psychologue Centre Hospitalier Mulhouse, Président de l'APOHR |
1. Cancer, l'ennemi de mon corps
Docteur Bruno AUDHUY
Chef de service, Service d'ONCOLOGIE et d'HEMATOLOGIE HOSPITAL PASTEUR HOPITAUX CIVILS DE COLMAR
En choisissant cette année pour thème de sa 10éme journée « Corps et cancer », il était logique que le Comité scientifique de l’ APOHR donne la parole à un oncologue et lui permette, dans un exercice libre, de donner son point de vue.
Il est vrai qu’une trentaine d’années de pratique en oncologie médicale, à croiser et à accompagner des milliers de malades, suscite forcément une réflexion personnelle sur cette maladie et sur ceux qu’elle frappe.
En préparant ce que j’allais vous dire aujourd’hui, j’ai cherché à savoir ce que d’autres avaient écrit sur les rapports entre le sujet (la personne malade), son corps et le cancer, ce qu’ils en disaient, comment ils en parlaient.
Il est vrai qu’une trentaine d’années de pratique en oncologie médicale, à croiser et à accompagner des milliers de malades, suscite forcément une réflexion personnelle sur cette maladie et sur ceux qu’elle frappe.
En préparant ce que j’allais vous dire aujourd’hui, j’ai cherché à savoir ce que d’autres avaient écrit sur les rapports entre le sujet (la personne malade), son corps et le cancer, ce qu’ils en disaient, comment ils en parlaient.
2. L’inquiétante étrangeté du corps malade
Simone KORFF-SAUSSE
Psychanalyste, Maître de conférence Paris VII Diderot
Je vous remercie. Je vais dire, en préambule, quelques mots sur ce que peut être une approche psychanalytique de la question qui nous occupe aujourd’hui, celle du corps. La maladie pose, au psychanalyste, une question fondamentale : comment articuler corps et psyché à l’intérieur de la théorie de la méthode psychanalytique et, dans une perspective anthropologique, comment l’articuler avec la culture.
Je me réfère à FREUD qui a toujours été extrêmement intéressé par la dimension anthropologique des problématiques psychiques et aussi à la conception de FOUCAULT qui conçoit la maladie comme une construction, faite de représentations, les représentations étant variables selon les contextes socio-historiques.
La maladie oblige à sortir d’une conception clivée de l’organique et du psychique qui s’appuie sur une image un peu schématique du biologique. Il faut donc essayer de trouver des passerelles qui rétablissent des potentialités évolutives et des interactions dynamiques entre le corps et la psyché.
Je me réfère à FREUD qui a toujours été extrêmement intéressé par la dimension anthropologique des problématiques psychiques et aussi à la conception de FOUCAULT qui conçoit la maladie comme une construction, faite de représentations, les représentations étant variables selon les contextes socio-historiques.
La maladie oblige à sortir d’une conception clivée de l’organique et du psychique qui s’appuie sur une image un peu schématique du biologique. Il faut donc essayer de trouver des passerelles qui rétablissent des potentialités évolutives et des interactions dynamiques entre le corps et la psyché.
3. Corps de vie, corps de mort, le cancer du sein dans la vie d’une femme
Maryse VAILLANT
Psychologue clinicienne, Ecrivain
J’ai été touchée par l’intervention précédente, qui m'a fait venir une idée saugrenue : heureusement que ce n’est pas contagieux.
Je suis psychologue clinicienne. Je viens d’avoir un gros cancer. Je suis en rémission et j’ai écrit un livre sur mon expérience. Comme je suis psy, j’ai analysé mon histoire. Comme je suis une femme parmi les femmes, j’avais envie de tendre un peu la main aux autres femmes qui traversent, dans la plus grande solitude la plupart du temps, la même aventure.
Le cancer du sein est une lourde histoire dans la vie d’une femme, d’une mère, d’une fille, d’une épouse. Quand c’est une jeune femme, c’est encore pire. J’avais la chance d’avoir dépassé 60 ans. Ce n’est pas pour autant que cela a été drôle.
J’ai donc entrepris de raconter toutes les étapes de la mamo de dépistage, à la mamo de contrôle, du jour où quelqu'un vous inquiète au jour où l'on vous rassure, du jour où vous entrez dans le cancer jusqu’au jour où l’on vous dit que vous êtes en rémission.
Je suis psychologue clinicienne. Je viens d’avoir un gros cancer. Je suis en rémission et j’ai écrit un livre sur mon expérience. Comme je suis psy, j’ai analysé mon histoire. Comme je suis une femme parmi les femmes, j’avais envie de tendre un peu la main aux autres femmes qui traversent, dans la plus grande solitude la plupart du temps, la même aventure.
Le cancer du sein est une lourde histoire dans la vie d’une femme, d’une mère, d’une fille, d’une épouse. Quand c’est une jeune femme, c’est encore pire. J’avais la chance d’avoir dépassé 60 ans. Ce n’est pas pour autant que cela a été drôle.
J’ai donc entrepris de raconter toutes les étapes de la mamo de dépistage, à la mamo de contrôle, du jour où quelqu'un vous inquiète au jour où l'on vous rassure, du jour où vous entrez dans le cancer jusqu’au jour où l’on vous dit que vous êtes en rémission.
4. La maladie, le malade et les normes
Professeur Roland GORI
Psychanalyste, Professeur de psychopathologie clinique Université d’Aix Marseille
Bonjour. Je remercie l’APOHR de m’avoir invité et pour son accueil fort chaleureux.
Après les paroles vives, vraies et émouvantes de ce matin, cela ne va pas être très commode pour moi.
Je commencerai par une citation d’un auteur que j’aime beaucoup qui est Georges CANGUILHEM, un médecin philosophe : « et quel est donc le type de société, pourvu d’une organisation sanitaire exploitant l’information la plus sophistiquée sur la distribution et les corrélations des facteurs de maladies, qui dispensera un jour le médecin de la tâche, peut-être désespérée, d’avoir à soutenir des individus en situation de détresse dans leur lutte anxieuse pour une guérison aléatoire ? ».
Dans cette expropriation subjective que constitue l’annonce d’une maladie grave et la mise en œuvre des traitements, en quoi les questions de l’information loyale et éclairée, les questions de consentement du patient se révèlent des enjeux psychologiques et sociaux majeurs.
C’est une des questions que je traiterai ce matin.
Après les paroles vives, vraies et émouvantes de ce matin, cela ne va pas être très commode pour moi.
Je commencerai par une citation d’un auteur que j’aime beaucoup qui est Georges CANGUILHEM, un médecin philosophe : « et quel est donc le type de société, pourvu d’une organisation sanitaire exploitant l’information la plus sophistiquée sur la distribution et les corrélations des facteurs de maladies, qui dispensera un jour le médecin de la tâche, peut-être désespérée, d’avoir à soutenir des individus en situation de détresse dans leur lutte anxieuse pour une guérison aléatoire ? ».
Dans cette expropriation subjective que constitue l’annonce d’une maladie grave et la mise en œuvre des traitements, en quoi les questions de l’information loyale et éclairée, les questions de consentement du patient se révèlent des enjeux psychologiques et sociaux majeurs.
C’est une des questions que je traiterai ce matin.
5. Le Corps du débat
Nicole PELICIER
Psychiatre, Hôpital G. Pompidou, Paris, Présidente de la Société Française de Psycho-Oncologie
Merci Anne-Claire BUCCIALI. Je remercie les organisateurs de m’avoir à nouveau conviée parmi vous. C’est à la fois un très grand plaisir comme je leur ai indiqué. En même temps, j’étais très heureuse de pouvoir entendre les futures contributions de cette journée sur un thème aussi riche.
La Société Française de Psycho-Oncologie regroupe tous les professionnels qui travaillent dans le champ de la cancérologie. Ce ne sont donc pas uniquement des psychologues cliniciens, des psychiatres, mais aussi nos confrères médecins, infirmières et travailleurs sociaux. Je rappelle ce contexte pluridisciplinaire qui est celui que nous vivons tous dans nos services pour dire que ce qui va aussi guider cette journée, c’est de proposer différents regards pour aborder la question du corps en cancérologie.
La Société Française de Psycho-Oncologie regroupe tous les professionnels qui travaillent dans le champ de la cancérologie. Ce ne sont donc pas uniquement des psychologues cliniciens, des psychiatres, mais aussi nos confrères médecins, infirmières et travailleurs sociaux. Je rappelle ce contexte pluridisciplinaire qui est celui que nous vivons tous dans nos services pour dire que ce qui va aussi guider cette journée, c’est de proposer différents regards pour aborder la question du corps en cancérologie.
6. Le mot de la Vice-présidente
Anne-Claire BUCCIALI
Psychologue, Ligue contre le cancer, Colmar – Vice-présidente APOHR
Merci, Mademoiselle FIAT, pour vos paroles et votre soutien. Je remercie également l’ensemble des intervenants qui ont accepté notre invitation à cette dixième journée.
Je dois excuser Madame Danièle PORTAL, Directeur du CHM de Mulhouse qui ne pourra pas être présente.
Je voudrais également vous dire quelques mots à propos de ce dixième anniversaire.
Cette belle aventure, entamée voilà dix ans, s’est amorcée à la faveur d’une conférence organisée par nos collègues mulhousiens qui avaient invité Nicole ALBY, Psychologue et une des pionnières du travail en psycho-oncologie, sur le thème « Cancer et Souffrance psychique ». Cette réunion qui avait, à la surprise des organisateurs, réuni plus de 300 personnes, les a motivés pour tenter d’y donner une suite.
La suite, vous la voyez ici aujourd’hui. Vous y êtes. C’est ce qui a permis la création de l’Association de Psycho-Oncologie du Haut-Rhin, la mise en place de ces Journées qui se poursuivent grâce à votre présence, votre motivation, votre fidélité jusqu’à ce jour. Nous espérons bien pouvoir continuer encore longtemps.
Votre fidélité, c'est celle de professionnels qui ne conçoivent pas leur travail comme simplement l’accroissement d’un savoir-faire technique ou l’application de procédures standardisées mais comme un engagement, une rencontre, et qui veulent avoir l’occasion de questionner ce que cet engagement met en jeu ; de partager aussi ce questionnement dans une réflexion interdisciplinaire que nous nous sommes toujours attachés à apporter dans ces journées. Merci d'être présents aujourd'hui encore : L’aventure continue !
Merci aussi à ceux qui nous ont permis d’organiser ces journées au fil des années, à savoir tous nos partenaires : les deux hôpitaux Haut- Rhinois, le Comité départemental de la Ligue contre le cancer, les laboratoires et prestataires de services et les associations qui nous soutiennent activement.
Le cancer, c’est dans le corps que cela se passe. Dans l'époque que nous vivons, ce corps dont l’histoire – nous dit la philosophe Isabelle QUEVAL–« a longtemps été celle du destin humain soumis à l’étroitesse d’une condition souffrante et mortelle », ce corps, jamais l’homme n’a eu un tel savoir et un tel pouvoir sur lui. Nous sommes dans l’ère d’un corps mesuré, élucidé, maîtrisé, modelé, un corps « produit », un corps « construit », un corps « rationnel ».
Le savoir accru sur son fonctionnement induit du coup une responsabilité : du droit à la santé, affirmé au milieu du 20ème siècle comme un droit fondamental de tout humain, nous en arrivons à une injonction à la santé, une obligation à la santé : « tu sais, donc tu dois ».
Dès lors ,quand malgré ce savoir, malgré ce que nous faisons pour toujours approcher de plus près un « corps idéal » dont nous faisons quasiment une norme – un corps sain, en bonne forme, performant – quand ce corps tombe malade, nous échappe, nous trahit, ne risquons-nous pas d’y voir l'effet d'un manque de vigilance, d’une prise de risque, d’une faute, d’un échec ?
Quelle conséquence cela a-t-il sur notre rapport à ce corps, quel regard portons-nous sur lui ?
Le cancer menace tout particulièrement l’intégrité physique et nous avons repris, dans l’argument de cette journée, cette violence faite au corps que les différents intervenants vont maintenant, à partir de leurs réflexions et de leurs propres expériences, développer dans tous ses aspects.
Je vous souhaite une journée fructueuse et je suis heureuse d’appeler à la tribune, pour présider cette matinée, Nicole PELICIER, Présidente de la Société Française de Psycho-Oncologie, Société avec laquelle nous entretenons, depuis toutes ces années, des liens solides et amicaux. Vous l’avez déjà entendue ici, en 2005, lors du thème de la journée « Temporalité et cancer ».
Merci d’avoir accepté de participer à cette journée. Je vous donne la parole.
Applaudissements.
Je dois excuser Madame Danièle PORTAL, Directeur du CHM de Mulhouse qui ne pourra pas être présente.
Je voudrais également vous dire quelques mots à propos de ce dixième anniversaire.
Cette belle aventure, entamée voilà dix ans, s’est amorcée à la faveur d’une conférence organisée par nos collègues mulhousiens qui avaient invité Nicole ALBY, Psychologue et une des pionnières du travail en psycho-oncologie, sur le thème « Cancer et Souffrance psychique ». Cette réunion qui avait, à la surprise des organisateurs, réuni plus de 300 personnes, les a motivés pour tenter d’y donner une suite.
La suite, vous la voyez ici aujourd’hui. Vous y êtes. C’est ce qui a permis la création de l’Association de Psycho-Oncologie du Haut-Rhin, la mise en place de ces Journées qui se poursuivent grâce à votre présence, votre motivation, votre fidélité jusqu’à ce jour. Nous espérons bien pouvoir continuer encore longtemps.
Votre fidélité, c'est celle de professionnels qui ne conçoivent pas leur travail comme simplement l’accroissement d’un savoir-faire technique ou l’application de procédures standardisées mais comme un engagement, une rencontre, et qui veulent avoir l’occasion de questionner ce que cet engagement met en jeu ; de partager aussi ce questionnement dans une réflexion interdisciplinaire que nous nous sommes toujours attachés à apporter dans ces journées. Merci d'être présents aujourd'hui encore : L’aventure continue !
Merci aussi à ceux qui nous ont permis d’organiser ces journées au fil des années, à savoir tous nos partenaires : les deux hôpitaux Haut- Rhinois, le Comité départemental de la Ligue contre le cancer, les laboratoires et prestataires de services et les associations qui nous soutiennent activement.
Le cancer, c’est dans le corps que cela se passe. Dans l'époque que nous vivons, ce corps dont l’histoire – nous dit la philosophe Isabelle QUEVAL–« a longtemps été celle du destin humain soumis à l’étroitesse d’une condition souffrante et mortelle », ce corps, jamais l’homme n’a eu un tel savoir et un tel pouvoir sur lui. Nous sommes dans l’ère d’un corps mesuré, élucidé, maîtrisé, modelé, un corps « produit », un corps « construit », un corps « rationnel ».
Le savoir accru sur son fonctionnement induit du coup une responsabilité : du droit à la santé, affirmé au milieu du 20ème siècle comme un droit fondamental de tout humain, nous en arrivons à une injonction à la santé, une obligation à la santé : « tu sais, donc tu dois ».
Dès lors ,quand malgré ce savoir, malgré ce que nous faisons pour toujours approcher de plus près un « corps idéal » dont nous faisons quasiment une norme – un corps sain, en bonne forme, performant – quand ce corps tombe malade, nous échappe, nous trahit, ne risquons-nous pas d’y voir l'effet d'un manque de vigilance, d’une prise de risque, d’une faute, d’un échec ?
Quelle conséquence cela a-t-il sur notre rapport à ce corps, quel regard portons-nous sur lui ?
Le cancer menace tout particulièrement l’intégrité physique et nous avons repris, dans l’argument de cette journée, cette violence faite au corps que les différents intervenants vont maintenant, à partir de leurs réflexions et de leurs propres expériences, développer dans tous ses aspects.
Je vous souhaite une journée fructueuse et je suis heureuse d’appeler à la tribune, pour présider cette matinée, Nicole PELICIER, Présidente de la Société Française de Psycho-Oncologie, Société avec laquelle nous entretenons, depuis toutes ces années, des liens solides et amicaux. Vous l’avez déjà entendue ici, en 2005, lors du thème de la journée « Temporalité et cancer ».
Merci d’avoir accepté de participer à cette journée. Je vous donne la parole.
Applaudissements.